Me voilà donc partie en expédition renouvellement de visa… En gros ça donne ça…  tuk tuk jusqu’au pont, bus pour traverser le pont, attente, remplissage d’un formulaire, attente, remise du formulaire, attente, récupération du passeport, attente, passage au Laos, tuk tuk jusqu’au centre de Vientiane, arrivée à l’ambassade, attente, remise d’un numéro (216, on en est au 40), attente, 4h30, arrivée au guichet : ma photocopie ne convient pas, expédition photocopie, retour au guichet, attente, récupération de mon numéro, attente (dans une salle climatisée !!!!), payement, remis d’un bout de papier… revenir demain… Le lendemain, attente en plein soleil de 12h30 à 13h30 (une horreur), nouveau ticket puis attente dehors, puis attente à l’intérieur et ENFIN : je récupère mon passeport et mon visa !!!! Hourraaaaa !!!!!

A part ça, je profite de cette occasion pour visiter Vientiane et du coup amortir un peu mon visa du Laos à 30 dollars… Contrairement aux avis que j’avais entendus, j’adore Vientiane. Etonnée de découvrir une « vraie ville » au Laos, après ce que nous avions pu voir avec Léa, elle est aussi très emprunte d’un petit côté Thai, tant au niveau de la gastronomie, de la présence de petit supermarchés genre seven eleven (la référence en matière de thailande !), du style vestimentaire, ou encore de la présence de lady boys ou de vieux riches accompagnés…

Mais dès qu’on s’éloigne des grosses artères, on tombe sur des routes non goudronnées et on reconnait le Laos tranquille… Les temples quant à eux sont un havre de paix au milieu du chaos de la circulation. A peine franchis le portail de parcs, on est comme dans une bulle ou le chant des oiseaux vient apaiser notre esprit.

Enfin, c’est au fond d’une rue, que je découvre LE marché.

C’est par un dédale d’étoffes colorées que je débarque dans cet autre monde. Chemin étroit, plafonds bas de taules et de bâches trouées, chaleur suffocante, effluves de cuir, de plastique et de poubelles éventrées, le tout remué par les vieilles pales d’un ventilateur qui tourne au ralenti... Tout comme chacun d’entre nous d’ailleurs... les uns dormant au sommet d’un tas de chaussures, les autres au sommet d’une pile de tissus. Les stands de tenues traditionnelles, ou, chemisiers aux couleurs vives tailles a la perfection sont méticuleusement suspendus, contrastent avec l’atmosphère sombre et désorganisé du lieu...

Puis je débarque au coin "salon de beauté". Coiffure, extensions de cheveux, manucures, pédicures, masques, maquillages... tout est possible dans ces coins de cabanes aménagées !

Puis dans un autre hangar vient l’incontournable coin des soupes de nouilles et le rayon boucherie. Des ampoules à l’installation tout autant archaïque que magnifique, diffusent une lumière jaune apportant un petit cote vintage aux toiles d’araignées et piquets qui les supportent. Les femmes assises au milieu de la viande agitent des sacs plastiques afin de faire fuir les hordes de mouches intéressées. Ce tableaux est juste magnifique, bien plus beau quand on y réfléchi que n’importe quel rayon aseptise d’un supermarché climatise...

Je patauge ensuite dans l’eau sortant des bassines ou se débattent anguilles, serpents de mers et poissons au destin tout trace, avant de rejoindre l’impressionnant étalage de fruits, légumes et herbes aromatiques. Odeurs d’oignon, d’ail, de coriandre et de citronnelle se mêlent au sentiment d’un travail authentique et d’un profond respect pour l’incroyable beauté de ce que la nature peut nous offrir. La simplicité même se retrouve la, sur la courbe parfaite d un oignon, le relief accidente d’un ananas, les pustules et l’intérieur orange d’une courge, ou encore les digressions d’une racine de gingembre... Simplicité ou extrême complexité et perfection du processus de création... de la vie ?

Alors qu’ on vient ici par simple nécessite, je m’assois et observe. Ces yeux pour qui cet endroit fait partie du quotidien, ces geste répétés des centaines, des milliers de fois, ce lien et cette connivence entre les marchands, le sourire de cette petite fille se cachant derrière un tas de chaussures avant de s’approcher de moi, intriguée, ce chaton qui joue avec mon pied, cette petite vieille au chapeau vietnamien qui porte ses cartons courbée en 2 et ramasse quelques canettes dans un tas d’ordures, avant de poursuivre son travail, le regard perçant... Je savoure cette étrange agitation qui tourne au ralenti sous cette chaleur de l’après midi... Ambiance, sons, couleurs, saveurs, odeurs... Un lieu de vie où il ne manque rien...