• Trek Helambu - Gosaikunda, Partie 1 (15 au 18/01/15)

    Jour 1 : Thankugi Bhanjhpang

     

    Après une petite heure de bus, nous nous élevons progressivement et quittons le bruit et l’agitation de la ville pour le calme des petits villages de montagne ou le temps semble avoir une autre valeur. Pour un début « tranquille », nous enchainons 6h de marche avant d’arriver à Tichopani. Célèbre lieux de tourisme Népalais, prisé notamment pour les lunes de miel, ce village est un peu gâché à mon gout par les buildings modernes, massifs rectangles de béton colorés, affichant « free wifi » et « hot shower » comme des amas à poisson.

      

       

    Tandis que les montagnes se font de plus en plus imposantes, nous perdons petit à petit nos repère qu on qualifie habituellement de civilisation, et notre place d’homme tout puissant. En fait c’est ce que j’aime dans le fait de partir en trek pour plusieurs jours. Car si la nature nous offre tant de merveilles dans la journée, c’est à l’aube et au crépuscule qu’elle nous révèle sa toute puissance. Ce moment ou la promesse d’un jour nouveau brille dans la noirceur de la nuit, puis celui où la beauté d’une journée achevée se teinte d’orangé, de rose puis très vite se dissipe laissant pour seule trace le souvenir encore fumant de tant d’images, de partages, d’aventures, d’émotions. Tellement réels et pourtant tout aussi volatiles que l’histoire d’un rêve. Fugace emprunte qui vient remplir un peu plus le cahier de notre mémoire. Oui, partir en trek c’est au-delà du dépassement de soi, de la fierté d’atteindre le but fixé, cette possibilité de toucher à ces instant d’éternité. La sensation futile d’appartenir à cet environnement… pour un temps…

    Dans cette régions ou les trekers se font rares à cette période, c’est pas à pas que nous progressons, seuls dans cette immensité. Essayant de ne pas me faire emporter par l’attitude du conquérant qui a besoin de brandir sont drapeau au sommet de la montagne, je me laisse envelopper par la nature. Car au fond, accepter que dans tous les cas elle est le seul et unique vainqueur c’est lui permettre de nous offrir ce qu’elle a de plus beau. Car même depuis le plus haut de ses sommets, nous restons à sa merci et elle reste le seul et unique maitre.

     

    Jour 2 : Maging koth

      

    Toujours dans un état d’esprit « tranquille » (sentez l’ironie dans les guillemets…), nous nous levons à 5h et commençons notre marche avant même que le soleil se lève. Très vite, il nous rattrape et nous réchauffe de ses premiers rayons, tandis que notre rythme soutenu ne nous laisse pas le temps de nous refroidir.

     

      

    Alors que nous sommes en pleine ascension, nous rencontrons un « pic nique » scolaire avec tout ce qui caractérise les très populaire pic niques népalais : hauts parleurs, musique, grande marmites et bonne humeurs.

    Après à nouveaux une longue matinée de marche nous parvenons à Kutumsang pour un repas bien mérité, et pénétrons dans la région du lantang. Ayant débuté notre trek dans l’Helambu, nous projetons de passer le col de lauribina si les conditions le permettent, mais voilà qu on nous le déconseille en raison de la neige et du chemin impraticable. Nous allons donc nous en rapprocher un maximum et aviser à ce moment là… en attendant il nous faut continuer.

     

     

    Durant la basse saison, tous les lodges ne sont pas ouverts et nous nous retrouvons donc devant des portes fermées, nous poussant à arriver à la nuit tombée et complètement épuisés à Maging Koth. Néanmoins nous profitons en chemin d’un brulant coucher de soleil. Si la vapeur d’eau qui constitue les nuages pouvait prendre feu, cela ressemblerait surement à ce que nous a offert la nature ce soir-là.

     

    Jour 3 : Phedi

      

    Avec la lueur du jour, nous découvrons l’environnement que la nuit nous avait dissimulé la veille, notamment les premiers monts enneigés que les nuages rechignent à nous dévoiler. Cette fois ci, c’est promis, ce sera une journée tranquille pour récupérer de notre départ sur les chapeauxdrou…

    Trek Helambu - Gosaikunda, Partie 1 (15 au 18/01/14) Trek Helambu - Gosaikunda, Partie 1 (15 au 18/01/14)

    Nous voilà donc au point crucial Thadepati : Il nous faut décider entre poursuivre sur le circuit d Helambu ou tenter le fameux Lahuribina pass à 4600 mètres, qui nous permettra de rejoindre les lacs gelés du Gosaikunda. Nous avons rencontré ce matin un groupe de 8 coréens, équipés comme un groupe de 8 coréens : chaussures qui marchent toutes seules, crampons, guêtres, bâtons aérodynamique, veste thermochauffante avec radiateur intégré, bonnet à réacteur et j’en passe… Ils venaient de passer le col, ce qui dans un sens veut dire qu’il est possible de le faire. La seule différence entre eux est nous, (sans parler de l’entrainement) se joue sur l’équipement ! Chaussures de marches absolument pas montantes made in Népal, vieille guenilles en guise de pantalon, veste « North fake » qui depuis un an a bien semé des plumes, canne en bambou dont la fissure en son milieu pose question… Nous avons bon espoir ! Le seul problème : la tempête de neige qui menace… Aller, au fond on aime l’aventure non ?

     

      

    A peine avons-nous entamé la descente vers le prochain point de chute que la neige se met à tomber et nous nous demandons bien comment il pourrait être possible de remonter le chemin que nous avons emprunté si nous avions à faire demi tour ! Tandis que nous nous arrêtons pour le repas, l’intempérie redouble d’intensité et nous nous retrouvons enveloppés dans une blancheur épaisse, comme si nous pénétrions dans le ciel, à moins que ce soit lui qui ne nous pénètre. Nous revoilà donc partis à 15h tapantes pour encore 3 h de marche dans une tempête de neige afin de rejoindre Phedi.

    Nous voilà donc lancés dans l’épaisse blancheur camouflant les bruits tout autant que la vue, la neige fraiche craquant sous nos pas et se prolongeant dans le silence presque palpable. Un lophophore s’envole, brisant la carapace de notre réalité pour nous laisser toucher à ces instants dont le divin transparait. Un quart de seconde qui reste gravé au plus profond de nos cellules pour l’éternité.

    Puis nous commençons à fatiguer, la nuit à tomber et toujours rien à l’horizon. Mais alors rien de rien ! Il fait maintenant noir, les traces de pas se dédoublent pour emprunter deux directions différentes et semble disparaitre dans la brume. Une vieille maison au toit ouvert, remplie de neige nous apparait au pied d’une grande côte alors que je commence à imaginer une stratégie pour faire un feu ici au milieu de rien sous la neige, regrettant de ne jamais avoir fait partie des scouts ! Que faire, sinon mettre un pied devant l’autre ?!

    Soudain nous entendons un cri puis apercevons une lumière du haut de la côte ! Nous sommes sauvés ! Un enfant travaillant au lodge nous guide jusqu’au sommet avec sa torche tandis que je n’ai jamais autant apprécier le fait d’arriver quelque part ! Un poêle crépite, des odeurs s’échappent de la cuisine, et il n’y a rien à des kilomètres à la ronde, dans cette immensité recouverte de neige et enveloppée de nuit. Nous décongelons progressivement et faisons sécher nos habits autour du poêle, chacun suspendant ses chaussettes, ses gants, ses pantalons à bout de bras aux dessus de l’unique source de chaleur qui nous réunis !

     

    Jour 4 : Gosaikunda

      

    Quelle terrible épreuve que de se lever alors qu’il fait encore nuit et tellement froid, et qu’il faut quitter le lit qu’on n’a encore même pas réussi à totalement réchauffer, et qu’on n’a rien de plus à porter car on a déjà tout empilé ! Mais le spectacle est sans pareil. Les premières lueurs illuminent la ligne d’horizon dans un dégradé de roses, d’oranges et de bleus plus purs les uns que les autres. D’une densité presque palpable et en même temps immatériel, le ciel nous offre ces quelques dernières étoiles qui s’éteignent petit à petit.

     

      

    A la lueur du jour, nous découvrons un paysage magique et complètement différent de ceux que nous avions alors rencontrés. Un peu comme si dans la nuit un rêve nous avait transportés au milieu de ces montagnes enneigées, le ciel bleu contrastant étrangement avec la tempête qui nous enveloppait la veille.

     

     

      

    Nous nous lançons alors à l’assaut de cette raide pente, essayant de suivre les traces dans la neige, tandis que parfois, une traitre emprunte s’enfonce sous notre poids et la neige englouti notre jambe jusqu’à mi-cuisse, tandis que parfois c’est la piste qui disparait…

     

      

    Le sommet quant à lui, semble s’éloigner au fur et à mesure que nous progressons, et quelle n’est pas notre surprise lorsqu’au bout de 4h de marche nous nous apercevons après quelques pas que nous sommes sur le bord d’un lac recouvert de neige !

     

     

    Ce qui signifie que nous sommes « déjà » au Lahuribina pass, qu’on nous avait annoncé à 6h de marche ! Nous avons donc atteint les 4600 mètres. Par chance, la neige n’a pas effacé les traces qui vont nous permettre de passer le col, longeant le flanc de la montagne avec un droit à l’erreur à taux zéro si nous ne voulons pas finir en bas du ravin !

     

     Trek Helambu - Gosaikunda, Partie 1 (15 au 18/01/14)

    Avant de nous lancer, nous profitons un instant de cet incroyable environnement. C’est drole cela me rappelle la sensation qu’on peut éprouver lorsqu’on dépasse les 30 mètres de profondeur en plongée : cette étrange impression que le temps tourne au ralenti tandis que notre corps s’adapte aux nouvelle conditions de pressions et semble lui aussi flotter dans une autre dimension. Notre respiration, plus qu’un simple mécanisme devient souffle vital qui nous relie à la puissance de la nature qui nous entoure dans un silence presque palpable. Seul le paysage est différent. Le sable doré devient neige argenté qui couvre les rochers. Le lac de blanc nappé offre quant à lui une surface complètement lisse, d’un infinie perfection, dont semble émerger les abruptes pics enneigés. A moins que ce ne soit eux, qui en leur cœur lui ait donné naissance. Nous passons un lac, puis un autre, et les montagnes semblent s’écarter comme un rideau qui s’ouvre, délivrant un spectacle figé dans le temps.

     

       Trek Helambu - Gosaikunda, Partie 1 (15 au 18/01/14)

     

    Le tibet s’offe à nous en une chaine de montagnes d’une splendeur et d’une finesse extraordinaire, sur un bleu qui dépasse toute tentative de description. Encore quelques pas et le voilà, le Gosaikunda. 1h30 de descente dans une neige qui nous arrive à la taille nous sépare encore du refuge et d’un petit temple qui borde les rives du lac sacré. Nous l’avons fait ! sans guide, sans carte, crampons ni bâton, notre seul volonté pour nous guider (enfin surtout celle d’Ajay car je dois avouer que la mienne a parfois pris la poudre d’escampette, notamment au milieux de la nuit et de la tempête de neige !).

     

      

     

    Nous remercions donc notre bonne étoile et notre canne de bambou fissurée et contemplons le paysage en dégustant une soupe de nouille dont le prix a été multiplié par 7 avec l’altitude. Je pourrais rester là à savourer cet instant des heures durant, mais Ajay ayant du travail il nous faut déjà quitter ce coin de paradis.

      

     

      Trek Helambu - Gosaikunda, Partie 1 (15 au 18/01/15) 

    Ns rejoignons Cholongpati à 2h30 de là, tandis que les nuages qui montent de la vallée semblent jouer avec le paysage et les rayons de cette fin de journée, les enveloppant comme un papier de soi qui protège un bijou. 

     

     

    Enfin, à notre arrivée, un magnifique coucher de soleil vient embraser les nuages et illuminer la neige de ces derniers rayons. Nous passons une chouette soirée autour du poêle (au-delà de la convivialité il s’agit d’une véritable question de survie !) en compagnie de la famille qui tient le lodge.


  • Commentaires

    1
    Mercredi 18 Mai 2016 à 18:00
    Bravo quel image du trek helambu ca m envie d y retourne
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