• Bhaktapur (25/01/15 au 25/02/14)

    Bhaktapur, le retour

      

    Ayant finalement survécu au grand froid de l’Himalaya, je retrouve la civilisation et pour terminer l’hiver je choisi de poser un peu mon sac à dos rose et moi-même à Bhaktapur, pour me reprendre les pinceaux et me perfectionner dans la peinture tangka que j’avais découvert ici même l’an passé.

     

     

    Baktapur (25/01/15 au 25/02/14) Baktapur (25/01/15 au 25/02/14)

    Ainsi au fil des jours, je retrouve chacun des détails qui inscrits dans ma mémoire se réveillent et se mêlent à la réalité. Ne sachant plus très bien si je rêve de souvenirs ou si je me souviens d’un rêve, je profite de ces sons, ces odeurs, ces ambiance qui au fil de la journée me transporte dans différents tableaux d’un conte du moyen âge.

     

     

     

     Baktapur (25/01/15 au 25/02/14)

    Il y a les rues embrumées le matin tandis qu’on déballe les articles du marché couvert et que les fruits et légumes sont déjà exposés, ce petit coin avec vue sur la place, point de rencontre autour d’un thé, spot d’observation et lieu de commérage, ce bouc qui sans gêne vient dévorer tout ce qui se présente sous son nez et qu’il vaut mieux ne pas déranger, les rues qui s’animent le soir, et les temples qui se parent de lumière tandis que les groupes se réunissent pour chanter les bhajans…

     

     

    Au hasard d’un plat de momos, je rencontre Rickey qui m’emmène visiter une école de musique, où m’attendait : un accordéon ! touches pianos, un peu désaccordé, il fait néanmoins mon plus grand bonheur sur le toit de ce bâtiment, l’Himalaya en arrière plan !

     

     

    L’hospitalité Népalaise n’étant plus à démontrer, il m’invite à manger chez lui, où je fais la connaissance de sa famille qui n’a pas hésité à multiplier les items du Dhal bath pour me recevoir. Je deviens donc grande copine avec sa mère, ravie de m’apprendre le Népalais, de se faire prendre en photo sur le toit de sa terrasse, de m’offrir des bouquets de fleur de ses jardinières, de me promener avec fierté dans Baktapur, de m’emmener à la messe protestante et de me présenter à ses copines.

     

     

    Les rues de Baktapur, chaque jour se parent de couleur et résonnent au son des groupes de musique qui défilent. Des cuivres menés par une clarinette ou bien des joueurs de flute de pan, des femmes en sari rouge, la tête d’une chèvre qui se balade sur un plateau accompagnée de 2 navets… Un joyeux et détonnant mélange. Il est midi, je pars pour ma pause déjeuner et passe un petit temple avec tout un groupe de personnes, une chèvre, de l’encens, des poudres de couleur, des bougies… je reviens, ne reste plus que la tête de la chèvre, du sang sur le sol et le témoignage du souvenir fumant d’un sacrifice.

     

    Les masques

     

     

    Encore une bien étrange tradition ! Appartenant à une caste particulière, ces hommes sont formés dès leur plus jeune âge et portent durant cette période des costumes et des masques tout aussi lourds qu’impressionnants. Incarnant chacun une divinité particulière, ils défilent dans les rues à la suite de musiciens, dansent et entrent dans des sortes de transe avant de se livre à un jeu qui consiste à courir après les gens pour soutirer l’argent de leur malheureuses victimes ! Rassemblant néanmoins les plus curieux ou téméraires, ils déclenchent de véritable émeutes et de grands moments de rigolade pour les plus jeunes. Chaque matin on se rend sur le lieu où ils vont établir leur camp de base pour la journée et on multiplie les rituels et offrandes dans ce mélange d’odeurs, de sons et de couleurs si propres à cette ville. Fragrances de sacré, notes d’un présent ancré dans le passé et nuances d’un dynamisme qui s’inscrit dans le présent. Rouge, un éclat de gaité, doré une touche d’élégance. Baktapur dans toute sa splendeur.

     

    Makermala

     

    Ce matin là, on cloture un festival nommé Makermala. Je n’ai pas eu bien plus d’explication mais en ce dernier jour, il rassemble les Népalais autour de ce temple où se passent habituellement les crémations. Après avoir effectué ses offrandes, dans la brume matinale et le froid de l’hiver on se presse alors pour se laver dans la rivière. Vu l’aspect du dit cours d’eau, j’utiliserai plutôt que « laver » le terme « purifier » en son sens des plus spirituel ! Et vu l’hygiène et les températures, la bénédiction des Dieux doit s’avérer extrêmement puissante pour que les fidèles n’attrapent pas la mort en effectuant ce rituel !

     

    Belbibaha

     

     

    Au hasard d’une ballade matinale, j’entre dans ce temple ou j’assiste à une cérémonie appelée Belbibaha et durant laquelle les jeunes filles prépubaire épousent un "bell", fruit sacré symbole de Vishnu.  Une façon de les protéger du déshoneur et leur assurer fertilité. C'est le premier des trois mariages qu'elles auront dans leur vie, le second étant celui avec le soleil et le troisième le véritable mariage avec un homme.  Rituels de purifications, offrandes, bénédictions se succèdent tands que ces toutes jeunes poupées doivent bien se demander pourquoi on leur peint les pieds en rouge !

     

    Une fête Newar

     

    Dans la rubriques « festivals », ma nouvelle copine la maman de Ricket m’invite à les accompagner à une fête Newar. A l’entrée du chapiteau un petit garçon et sa grand-mère son assis, on se presse pour leur tendre une enveloppe avec un peu d’argent, quelques cadeaux, on le salues puis on se rends à l’intérieur. Première étape : l’apéro, on nous aligne sur une chaise, nous tends une assiette avec quelques biscuits, des morceaux de viandes séchée et quelques denrées non identifiée, un verre contenant un liquide orange E543. Puis quand vient notre tour on nous change de secteur, et nous aligne par terre cette fois, avec une assiette de feuille de bananes tressées qu’on remplit de mets Newar, dont le « beatten rice » une sorte de flocon de riz d’un curry de légume et de condiments. Le repas à peine débuté on amène du poulet, puis du buffalo, puis de l’agneau, puis des légumes, une soupe, des boyaux, des pois chiches… Au fur et à mesure que je mange, l’assiette se rempli plus qu’elle ne se vide ! Puis arrive un seau avec une sorte de liquide pâteux et visqueux orange : un jus de lobsi. Première gorgée : c’est à la fois amer, acide, âpre, doux, sucré, salé et pimenté. D’ailleurs je n’arrive pas à savoir si j’aime, et il me faut reprendre une autre gorgée, puis une autre jusqu’à finir le verre et puis un deuxième sans trop savoir si finalement j’apprécie ou non le breuvage ! En tous cas « c’est bon pour ton estomac » me dit Rickey ! C’est la cinquième fois qu’il me dit ça depuis le début du repas et je commence à me demander ce qui cloche avec le reste de la nourriture si on s’évertue à servir tant de chose « bonnes pour mon estomac ». Arrive le célèbre « curd » de baktapur, un délicieux et tout aussi riche yaourt, qui vient visiblement clôturer la fin de ce festin. Nous passons enfin dans la troisième partie du chapiteau que les fumigènes et boules à facettes on transformé on véritable discothèque.

     

    Un mariage à Baktapur

     

    Après le succès de cette fort sympathique fête, la mère de Rickey m’invite à l’accompagner au mariage des filles de l’une de ses amies, et dès le matin me reçois à la maison pour la préparation. Après le petit déjeuner (riz frit et lentilles !) nous passons à la préparation : premier problème : la taille de la brassière ! elle me propose donc d’enfiler l’un de ses soutiens gorges rembourré sur le mien, m’assurant devant ma tête sceptique qu’il est neuf ! C’est toujours insuffisant, et elle finit par dégoter une autre brassière qui fera bien l’affaire ! Ensuite vient la complexe étape du port du sari qu’il faut enfiler dans un jupon tellement serré qu’il m’empêche de respirer. Mais c’est nécessaire si je veux ne pas me retrouver en culotte après trois pas et demi. Une petite touche de mascara, du rouge à lèvre bien rouge, une dizaine de bracelets à chaque bras, et le clou du spectacle : les tongs à talon, qu’il va falloir maitriser sur les pavés de Baktapur ! Autant les femmes népalaises sont magnifiques dans leur sari et parées de ces clinquant apparats… autant moi… j’ai l’air d’une grande tige emballée dans un papier bonbon !

     

     

    Après cet amusante matinée, je me retrouve à nouveau plongée dans le cauchemar quej’avais connu l’an passé. Tandis que le mariage en Europe représente « le plus beau jour de sa vie », il serait plutôt synonyme au Népal de l’étape la plus difficile à passer avant même celle de la mort !

     

      

    On marie ce jour-là deux sœurs en même temps pour des raisons financières, tandis que la tristesse qu’elles partagent semble être décuplée. Leurs maris tout aussi peu concernés par la situation suivent la cérémonie. Les rituels se succèdent, les larmes coulent, les cris de désespoirs m’arrachent le cœur. Et pourtant il en est ainsi, on prend des photos, on mange des biscuits apéro en attendant le festin.

     

      

    Puis on passe les cadeaux un par un, un four, un aspirateur (choses que je n’ai pourtant jamais vu dans une maison Néplaise), de l’argent comme pour apaiser les larmes et les cris. Bien vaine tentative. Que peut bien valoir un aspirateur devant la liberté d’une femme ? Ce soir elle quitterons leur parents pour rejoindre la famille de leur conjoint et prendre leur rôle de maitresse de maison.

     

     

       

    Des rituels, et encore des rituels. L’après-midi se pare de poudres de couleurs, d’offrandes, se parfume d’encens, et se mouille des larmes de ces jeunes filles. On étale sur le sol tous les présents, les gâteaux, de grands plateaux de pâtisseries, et les mariées s’installent derrière tandis que leur maris ont disparut. A nouveau on offre de l’argent. Puis on partage un gâteau à la crème et les jeunes femmes tendent une part dans lequel chaque membre de la famille doit prendre une bouchée. Un petit garçon s’en met plein le nez. Leur visage semble s’apaiser. C’est terminé.

    Les musiciens qui roupillaient sur une chaise se réveillent et à leur suite, le cortège défile allégrement dans les rues de Baktapur, portant une légère et joyeuse ambiance qui contraste étrangement avec l’épreuve que viennent de subir ces jeunes filles au sein de ce chapiteau.

     

    Tangka painting

     

    La raison de mon séjour à Baktapaur n’était pas « la fête » mais bel est bien la tangka ! Lorsque je ne m’initie pas à la culture locale, je passe donc mes journées le nez collé sur ma toile de coton, à pester contre la peinture qui fait des traces, le pinceau pas assez fin, le support mal poli ou je ne sais quoi… C’est impossible on a dû me refiler du matériel de mauvaise qualité, car lorsque je vois ce que les artistes font à côté de moi dans des gestes d’une indescriptible simplicité, je suis presque jalouse ! Alors je m’énerve, bouillonne sur mon coussin, et accuse le matériel ! Et la seule personne qui parle anglais n’étant autre que le business man de l’école, il me faut donc redoubler de patience et de persévérance pour obtenir quelques malheureux conseils, malgré toute la bonne volonté de mes voisins de coussin ! ça met un peu d’animation !

     

     

    Au bout de 18 jours, à raison de 6h par jours, je parviens enfin à terminer mon mandala, censé être un objet de méditation ! J’ai encore du travail

     

    Baktapur (25/01/15 au 25/02/14) Baktapur (25/01/15 au 25/02/14)

    Baktapur (25/01/15 au 25/02/14) Baktapur (25/01/15 au 25/02/14)

    A quelque pas de la ville, de l'autre côté de la nationale, il suffit de s'éloigner un peu pour se retrouver dans les montagnes. Après le temple de Pilot Baba je continue le chemin et ne peux me résigner à faire demi tour tellement il agréable ! Encore un village et je reviens sur mes pas... bon aller le prochain... un dernier... tandis que, suivant le chemin, je passe dans la cours d'une maison, on m'invite à m'arrêter. Tout le monde délaisse sa tâche pour m'apporter un thé, des fruits et me tenir compagnie ! On m'observe, me questionne se demandant bien ce qu'une touriste toute seule peut faire ici ! Quelques mètre plus loin, une jeune fille de 20 ans à peine est toute fière de me présenter son bébé et de m'offrir des beignets de légume fraichement préparés. L'hospitalité Népalaise n'est réellement plus à démontrer !

     

     


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