• Baktapur (04/02/14 au 13/02/14)

    La ville de Baktapur

    Baktapur semble tout droit sorti d’un compte du moyen âge envouté par des divinités hindouistes et bouddhistes, se déroulant dans une ville ou s’invite la campagne, le tout combiné avec art et talent.

     

      

       

     

    Ces rues pavée, ces bâtiments Newar de briques rouges et de bois, ces multitudes de temples, sanctuaires et stupa, ces puits aux coin des rues ou les femmes viennent chercher l’eau dans de grandes jarres, ces petites échoppes ou l’on se retrouve pour fumer et partager un thé ou déguster un les yaourts les plus réputés du Népal…

     

      

      

     

    Sa place des pottiers ou l on travaille la terre, ses multitudes d’ateliers de sculpture sur bois, peinture et tangka…

     

     

      

    Et la campagne qui semble sans gêne réclamer sa place : un tracteur qui passe au milieux du cortège d’un mariage, une vache qui traverse la place, des chèvres qui viennent brouter ce qu’elles peuvent trouver, et les fruits et légumes colorés qui envahissent les bords de rue au petit matin. Au dela des attractions touristique, on pourrait passer des heure à déambuler dans les rues de Baktapur, découvrant à chaque instant un nouveau détail élégant, surprenant, amusant ou envoutant.

     

    Des instants magiques

    Et puis il y a ces moments magiques, ou quelques instant révèlent la beauté de cette ville.

     

     

    Le soleil qui se lève au dessus des montagnes tandis que je fais mon Tai Chi sur la toit de l hotel, et que les habitants accomplissent leur rituel dans la « salle de prière » aménagée sur leur terrasse, arrosent leur plantes, font leur toilette matinale, ou se livrent à une occupation fort courante : l’observation de tout et de rien.

     

      

     

     

    La visite matinale au temple, ou chacun vient à sa manière rendre hommage ou s’accorder les mérites d’un Dieu. Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des habits traditionnels, des looks occidentaux, une sacoche de travail, un poulet ou un bouquet de poireaux sous le bras… Au son des chants d’un petit groupe assis dans un coin, avec empressement ou application, on sonne des cloches (pour attirer l’attention de la divinité), jette du riz, offre des fleurs, touche les différents monuments puis son cœur et son front qu’on colore au passage de la tika rouge, s’assoit quelques seconde avant de repartir de peur d’etre stoppé dans son élan… Cette ferveur religieuse aux parfums d’encens confère à la ville un coté envoutant et hors du temps.

     

      

     

     

    Le marché qui suit le passage au temple, dans ces derniers instant ou l’aurore a ce quelque chose de magique. Des femmes emmitouflées dans leur écharpes, fumant une cigarette ou soufflant sur un thé chaud, assise derrière fruits, légumes et herbes aromatiques qu’elles ont charrié dans des paniers amarrés sur leur tête. D’autres qui viennent faire leurs courses. Des hommes partageant le café du matin. Et des gens qui passent, tandis que chacun attends les premiers rayons du soleil qui viendront réchauffer l’atmosphère…

     

     

    La place de Durbar square à la nuit tombée, lorsque les groupes de touristes Chinois, (semblant au passage accorder plus d’importance à leur image sur la photo qu’au monument qu’on ne voit meme pas) on lâché leur objectif pour aller se restaurer et que les temples se dévoilent à la lueur de la lune. Lorsque le silence de la nuit envahit l’espace, semble repousser les murs et que les divinités animent les statues qui les incarnent.

    L’accueil des habitants est, à l’image des Népalais : des plus chaleureux et il n’y a pas moyen de passer plus de 5 minutes seul ou en silence, meme si ce n’est parfois que pour répondre aux memes questions concernant notre origine, notre age et notre profession, dont bien souvent l’on n’écoute pas vraiment la réponse mais renchéri avec un grand « ohhh » d’admiration ! Et d’autre part, il y a les guides qui chaque jours campent sur la place a l’affut du client potentiel, dont le discours semble, comme à l’école, avoir été pompé sur le meilleur d’entre eux, et comporte après les questions d’identité un compliment sur nos boucles d’oreilles !

     

    Un mariage arrangé

    C’est grâce à cette sympathie des Népalais et une fois de plus par un concours de circonstances que je me retrouve conviée à un mariage. Une découverte où le terme de « choc des cultures » prend alors tout son sens…

     

    Le matin j’assiste à la préparation du repas et au rituel dans la maison du marié, tandis qu’arrive la fanfare du quartier.

     

     

    Spéciale dédicace à la fanfare de Fillinges : vous me manquez !!!

     

    Une fois restaurés, ils commencent par une petite aubade, sous les fenêtres dans la minuscule ruelle avant d’aller défiler sur la place.

     

     

    L’occasion pour moi de me joindre à eux, totale improvisation, mais de toute façon je peux bien faire n’importe quoi, on ne m’entend pas !

     

     

    Ce petit tour de quartier nous mène à un gymnase ou ont été installées des chaises et des tapis, et où l’on nous sert tout un tas de spécialités pour patienter car la mariée est en retard… Son arrivée est pour moi une première surprise : au lieu d’une femme rayonnante, le sourire aux lèvres, heureuse de célébrer cette magnifique journée, je découvre une jeune fille qui ne doit pas avoir plus de 20 ans, courbée, le visage baissée couvert par un voile rouge qui avance péniblement, soutenue par sa maman. Quelques minutes plus tard ses pleures envahissent la pièce et viennent confirmer mes doutes : c’est un mariage arrangé. 

     

     

     Alors que les rituels s’enchainent de façon interminable : offrandes, fleurs, pétales, pigments de couleurs, noix, qu’on tend, qu’on applique sur le visage ou qu’on lance, l’ambiance me semble de plus en plus lourde et insupportable.

     

     

    Cette enfant dont les sanglots dépassent largement de simples larmes d’émotion, la fanfare qui dehors s’époumone comme pour couvrir ses cris de désespoir, se mère qui guide, force, chacun de ses gestes, sa sœur qui la soutient lorsque la force même de tenir assise l’abandonne, son père submergé par l’émotion qu’on doit aider à marcher, leur étreinte qu’on abrège, les regards de ces femmes les larmes aux yeux se remémorant peut être leur passé, le marié qui semble totalement indifférent à tous cela, et ces objectifs que l’on braque sur eux sans aucune gêne, immortalisant ce qui pour cette jeune fille relève plus de la tragédie que d’un rêve de petite fille, la comme si tout cela était normal…

     

     

    Jusque là, le terme de « mariage arrangé » n’avais pour moi pas plus de signification qu’un couple « organisé » par la famille, et me semblait surtout etre révolu… Mais les pleurs de cette mariée en ce jour censé etre le plus beau de sa vie rendant toutes ces paillettes et fanfreluches, cette musique et ces photos souvenir complètements décalés, ridicules voir insupportables, m’ont fait réaliser ce que signifie vraiment ce terme.

     

     

    Mais de quel droit ? de quel droit peut-on ôter liberté et dignité à son enfant, prétextant son intégration sociale face au regard des autres ainsi que son bonheur et celui de sa famille ? Ou trouve t on l’envie de sortir ses plus beaux apparats, préparer le meilleur des repas, défiler derrière la fanfare du quartier et immortaliser ses sourires forcés ?

     

      

    Après que les filles se soient battues pour arracher la chaussure du marié et récupérer quelques roupies au passage (chacun sa tradition !), vient le moment ou les mariés quittent la salle et montent dans la voiture qui les conduira dans la maison familiale de l’époux. A nouveaux la jeune femme crie et se débat refusant de monter tandis que la fanfare claironne plus que jamais, que les gens observent depuis leur fenêtre, ou se prennent en photo en attendant… Après un nouveau défilé dans les rues on décharge les 3 valises contenant quelques bribes de l’ancienne vie de la mariée, comme quelques briques qui l’aideront à se reconstruire. Puis à nouveau, on se lance dans d’interminables rituels et offrandes, devant la porte et à l’intérieur de la maison avant de partager le repas et que chacun retourne chez lui… dans quel état d’esprit ?

    Je me sens tellement étrangère à tous cela… On m’expliquera par la suite que c’est normal que la femme pleure car elle va quitter pour la première fois sa famille, et que cela est très courant… Mais il y a pleurer et pleurer ! comment peut on rester aveugle face à des gémissements de douleurs, face à une personne qui ne trouve plus la force de tenir debout sans soutien, qui se débat, refuse d’effectuer les rituels, et ne décolle pas les yeux du sol de la journée ? Comment prétendre que cela est normal et immortaliser cet instant ou la vie d’un etre qui nous est comme orientée de force ?

    Et cela représente encore 40% des mariages au Népal, tandis que dans notre culture le divorce semble bientôt plus courant que le mariage…

     

    Cours de Tanka

      

    Portée par l’ambiance artistique de la ville, je profite d’un cours de penture « tangka » pour reprendre les pinceaux. Tangka signifie en fait, peinture sur coton, et il est impressionant de voir comment avec un bout de tissu issu d’un vieux Tshirt on parvient à faire une toile parfaitement lisse. Il existe différents types de Tangka, soit la mandala (support de méditation), la représentation de divinité (Bouddha, Thara…) ou encore une fresque de la vie du boudha ou de son enseignement (la roue du dharma)… Sachant qu’une œuvre prend enntre 2 et 6 mois, j’opte pour le modèle le plus simple, la mandala. Si on oublie les Chinois qui me prennent en photo alors qu’ils visitent la boutique, c’est un vrai bonheur que de peindre dans cet environnement entourée de ces chefs d oeuvres colorés en compagnie de grands artistes…

     

     

    J’apprends énormément en observant ces personnes (et suivant leurs gentils conseils) mon prof brillant plutôt par son absence et les soupirs qu’il pousse lorsque je lui pose une question. La patience et l’application qu’ils dévouent à cette même toile qui leur occupera 7 heures par jours 6 jours par semaine durant au moins 2 mois est juste incroyable.

     

     

    Avançant chaque jour petit à petit, parcelle par parcelle, sans se décourager, sans jamais s’énerver (tandis que je peste sur mon om mani padme hum qui n’est pas régulier, et cette espèce de frise que je ne peux plus voir en peinture à force de la reproduire…), ils parviennent à des résultats d’une finesse dont on ne peut imaginer avoir été réalisés avec un pinceau. Une belle illustration de ce qu’on appelle patience… Une toile de vie : chaque jour une nouvelle parcelle prend forme et couleur, sans que sur le moment on ne parvienne à lui donner un sens, mais si on persévère, sans se décourager, alors on découvre qu’elle est sa place dans le chef d’œuvre qu’est notre histoire… Mon chef d'oeuvre, 5 jours soit 30 heures de dur labeur  ;-)

     

     

     

    A ces artistes aux grand cœur...


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